Choisir entre green-beauty et green washing

Avec un chiffre d’affaires estimé à 213 milliards d’euros en 2020 et qui ne cesse d’augmenter chaque année, l’industrie de la beauté impacte forcément l’environnement. En France, elle serait responsable d’environ 55 000 tonnes de plastique par an, soit un peu plus de 5% de la totalité des emballages plastiques ménagers. Vivement critiquée, elle doit repenser ses méthodes de conceptions, de fabrications et de mise sur le marché. 

Poussés par des consommateurs informés et attentifs à l’impact environnemental global d’un produit et la nécessité de transparence, les industriels du packaging transforment leur processus pour répondre à une conception plus durable. Qu’il s’agisse de la matière utilisée, sa quantité, l’impact du design ou encore les pollutions engendrées par les processus de fabrication, tout doit être remis en question et trouver des solutions propres. Pour les consommateurs, l’agence de recherche Dynata (Février 2022) a révélé que les Français recherchent des produits cosmétiques qui correspondent à leurs valeurs, un mode de vie sain ainsi que leurs préoccupations environnementales et éthiques. La transparence, l’éthique, la durabilité des produits et la lisibilité des ingrédients sont les variables les plus importantes à leurs yeux. C’est en cela que l’éco-responsabilité est capable de créer de nouvelles opportunités aussi bien en termes de packaging que de formules produit.

Parmi les grandes tendances, la réutilisation avec les emballages rechargeables qui se multiplient sur le marché des cosmétiques et des parfums. Il faut dire qu’il y a urgence. La loi française AGEC prévoit l’interdiction des emballages en plastique à usage unique à partir de 2040. Fini le greenwashing, le sujet d’éco-responsabilité durable et éthique n’est plus une question de communication. De l’acte d’achat des consommateurs aux valeurs des marques, en passant par la conception du packaging, le sourcing des matières premières, les nouveaux process de fabrication et la recyclabilité des emballages, le problème est complexe et concerne toutes les parties prenantes. Le secteur du luxe a le devoir de s’inscrire dans cette nouvelle démarche. Concilier esthétisme et éco-responsabilité relève du challenge. Il faut le considérer comme un levier d’innovation et de création de valeur important.

Pour moins polluer, il paraît logique de recourir aussi à moins de matières différentes et de s’engager sur le concept du monomatière, à l’instar de la marque Juni. Néanmoins, c’est parfois renoncer à une certaine sophistication, ce qui va à l’encontre des valeurs du luxe. Si le monomatière et les matières recyclées sont une évolution en soi, il faut faire face aux contraintes techniques. Cela peut être contourné notamment en développant des packagings dont les différents composants seraient capables d’être séparés afin qu’ils puissent, par la suite, être orientés vers leur propre filière de revalorisation. Pour autant, cela demande une certaine coopération des consommateurs et un regard attentif sur la capacité des filières de recyclabilité d’absorber ces nouveaux déchets. Aujourd’hui, on considère que les rouge à lèvres, par exemple, passent au travers des calibres de recyclage mais on sait que cela va changer très rapidement. Pour les consommateurs, les gestes de tri sélectif des cosmétiques sont moins évidents que ceux de l’alimentation : la plupart d’entre nous possédons une seule poubelle dans la salle de bain. Pour les acteurs, l’importance de développer un outil évaluant l’empreinte carbone de ces packagings, de leur conception à leur fabrication, est plus que nécessaire.

Les matières biosourcées ou recyclées sont aussi l’une des multiples solutions pour réduire la pollution et l’utilisation du plastique dans la cosmétique. A l’instar de Blue Ocean Closures (bouchon à vis en papier), ou Fil & Fab (PA6 issu de filet de pêche), ils sont adaptés au flux de recyclage standard. Sans oublier le principe d’upcycling, concept loin d’être récent et remis au goût du jour par certaines marques dans leurs boutiques physiques comme l’Occitane.

On l’aura compris, l’enjeu de l’éco-responsabilité repose sur les packagings primaires principalement.  C’est pour faire face à ces enjeux que Thierry De Baschmakoff a imaginé un programme de création dédié aux innovations green « The Heart of Design ». Son premier projet s’est focalisé sur une nouvelle plateforme de rouge à lèvres totalement personnalisable. Comment mieux y répondre si ce n’est avec une démarche éco-design ?

Système reposant sur une simplification de tout ce qui existe aujourd’hui sur le marché sans nuire à la personnalité de chaque marque, ce nouveau concept multi-usages et déclinable est imaginé pour être une alternative innovante, alliant luxe, haute performance et éco-responsabilité. Pensé pour être entièrement monomatière, il intègre une fonction rechargeable très simple, démontable très facilement par le consommateur, lui permettant de séparer et de recycler les pièces séparément. La praticité ou encore le confort d’utilisation sont aussi à l’honneur sur ce nouveau mécanisme. En effet, il est impossible d’endommager le raisin par mégarde, qu’il soit découvert ou non. Par ailleurs, la partie fourreau qui entoure le raisin est totalement personnalisable sans limite de texture ou de relief. Pièce très souvent laissée pour compte puisque les mécanismes existants ne lui permettent pas d’être décorée.

La porte est ouverte à plus de créativité avec une signature forte. Enfin, toutes les techniques de fabrication sont envisageables (injection, moulage, impression 3D), ouvrant le champ des possibles sur des petites séries jusqu’à de gros volumes, mais aussi l’utilisation de matières nobles comme le verre, la céramique ou le bois.

Concevoir des produits plus propres et plus simples à recycler grâce à des solutions innovantes pour le marché de la beauté est une priorité depuis plusieurs années. Le partenariat avec Augros Cosmetic Packaging, expert de l’injection plastique et du décor s’inscrit dans cet objectif.