Sous l’effet des crises, le marché de la beauté se réinvente, pour être plus durable, mieux protéger l’environnement et davantage impliquer les consommateurs.
Comment le marché de la beauté devient plus durable ?
En temps de crise, tout peut changer, et le plus souvent à vive allure. Comme sur le marché de la Beauté. Revue de tendances avec une experte, Adélaïde Lohio, Fondatrice de L’Observatoire Beauté.
Fini le temps où les différents pans de nos vies étaient compartimentés. Désormais, nous sommes dans des mondes qui se croisent et se rejoignent. Et il en va de même pour notre consommation.
« Alors que la sécurité et la protection de l’environnement sont au cœur des préoccupations de nos consos, nous sommes forcés aujourd’hui de synchroniser toutes nos actions (…), avoir une approche communautaire. De l’agriculteur qui plantera la première graine, au consommateur final et ça jusqu’à la fin de vie du produit ». C’est selon elle, « la seule manière de réussir à garantir un maximum de transparence et donc de sécurité au consommateur mais aussi de travailler dans le respect de la planète et de la société. » Et ce, quitte à changer de paradigme.
Les consommateurs attendent beaucoup des industriels
“Je me souviens d’une phrase du Directeur de l’environnement et de la communication scientifiquede la Maison Dior : aujourd’hui, dans le luxe, nous cherchons à faire du beau durable. Demain, il faudra faire du durable et voir comment le rendre beau’’. Une phrase qui, selon Adélaïde Lohio, synthétise parfaitement ce changement de paradigme. Et à en croire le barométre Contributing, c’est ce qu’attendent de nous les consommateurs qui considèreraient les entreprises comme la seule institution fiable et de confiance, avec un niveau de confiance de 61% dans le monde.
Plus de concurrence dans la course à un monde meilleur
Mais comment être digne de cette confiance et relever tous les défis posés par cette responsabilité ? Un seul mot d’ordre, selon Adélaïde Lohio : collaborer. “C’est-à-dire collaborer avec toutes les parties prenantes de la création d’un produit, mais aussi avec ses concurrents. En partageant la recherche technique et l’expertise, nous irons beaucoup plus vite.” En la matière, un vrai mouvement se dessine. Des consortiums voient le jour, par exemple pour établir des bases de donnée botaniques, ou pour créer un système de notation de l’impact environnemental de produits “qui permet au consommateur de comparer des produits concurrents, avec des notes de A à D”.
Avancer main dans la main avec les consommateurs
Et si collaborer avec ses concurrents, c’est bien, impliquer ses consommateurs, c’est encore mieux… “71% des consommateurs y sont prêts”, annonce Adélaïde Lohio. Des marques se lancent déjà dans ce genre d’expérience, comme par exemple la marketplace AguaBlanca, qui invite ses utilisateurs à faire la sélection de marques eco-responsables, agréées pour la vente. Autre exemple, une marque américaine de prêt-à-porter qui propose à ses clients d’acheter les parcelles de champ de coton qui serviront à tisser leurs vêtements.”En fait, nous passons du consommateur-arbitre au consommateur-joueur, prêt à faire équipe avec les marques”.
“Mais ce n’est pas si simple”, ajoute Adélaïde Lohio. Le besoin d’être accompagné s’exprime clairement. “Les marques doivent devenir des sources d’inspiration… pourquoi ? Parce que 71% des consommateurs attendent des marques qu’elles les éduquent, et ils sont 81% à affirmer qu’ils seraient plus à même d’acheter une marque recyclable si on leur facilitait la tâche ».
Adélaïde Lohio reprend alors une déclaration d’Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU : “l’urgence climatique est une course que nous sommes en train de perdre… mais c’est une course que nous pouvons encore gagner”. En étant synchrones !